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On the road

mardi 1 avril 2014

De la Bolivie au Pérou

De retour à Paris, je n'en ai pas fini avec mon blog. Il me reste encore beaucoup de choses à vous raconter et surtout plein de photos à vous montrer.

Repartons ici en Bolivie.

Mes acolytes du Tupiza Tour
Après avoir quitté mes acolytes du Tupiza Tour, j'ai trouvé un hôtel à petit budget dans la ville d'Uyuni. Cette fois j'ai choisi une chambre seule. Un peu de lessive pour rincer le sel que j'avais mis sur mes vêtements lors des prises de vues des photos de perspective dans le Salar. Ils étaient devenus durs comme du carton. Je pars dîner avec Raphaëlle que j'ai croisée dans le Salar et retrouvée par hasard dans cet hôtel. Elle faisait le même tour que nous mais avec une autre compagnie.

Avant d'aller dîner, je vais prendre mon billet. On m'a déconseillé de voyager de nuit en Bolivie. Il semblerait qu'il y ait régulièrement des accidents de bus nocturnes. Certaines compagnies ne prévoient qu’un seul chauffeur, même pour les longues distances. Ces derniers sont souvent victimes de somnolence. Je pars donc le lendemain à 10h, direction Sucre (lire Sucré). Sucre est la capitale constitutionnelle de la Bolivie.

Après presque 9 heures de bus me voilà donc à Sucre - un bref passage à Potosi, juste pour changer de bus. À la sortie de la gare, je prends un taxi pour gagner mon auberge. Il a déjà une course en cours, il les dépose d'abord et après c'est mon tour. Entre temps il prend une autre passagère fait un détour pour la déposer et finalement il me dépose dans la petite auberge que j'ai trouvée. Dans les guides ils déconseillent de prendre des taxis à la volée, avec déjà des passagers, ils préconisent de ne pas accepter que quelqu'un d'autre monte dans le taxi. Mais ça c'est la théorie, la réalité est toute autre. Et puis au final tout se passe bien, et le prix de la course est standard, j'ai payé le même prix que les locaux.
J'ai demandé à nouveau une chambre seule. Le prix est à moins de 10€ la nuit, ça rentre dans mon budget. 
Je sors dîner juste en face. Le plat est trop copieux. Après être rassasiée, je demande un doggy bag. Il y a une cuisine à l'hostel, je pourrai me faire réchauffer les restes demain.

Nous sommes samedi soir, il est recommandé de faire, le dimanche matin, le marché de Tarabuco. J'aurai bien fait une grasse mat, mais il faut se présenter à l'agence qui vend les billet à 7h30. J'y suis pour 7h, pour acheter mon billet. Il n'y a plus de place dans le minibus. Pas de problème, l'agence fait appel à un chauffeur supplémentaire. Nous sommes 7 à être dans ce cas. Au marché de Tarabuco, il y a beaucoup de boliviens qui descendent en ville en tenue traditionnelle, principalement certains jours de fête. Ce n'est pas en ce moment mais le marché est assez typique. Il y a les étales pour touristes présentant l'artisanat local, puis des étales plus pour les locaux. On y trouve de tout : riz, pâtes, détergent, dentifrice, chaussures, sous vêtements. Et plus loin le marché aux légumes et boucherie. 
L'odeur qui règne dans ce dernier ne me donne pas envie de manger. C'est une odeur beaucoup trop forte, un peu âcre, une odeur de viande froide et de sang coagulé. 
Je retrouve les quatre brésiliens qui étaient avec moi dans la voiture qui nous a amenés ici. Ils ont repéré un resto - galerie d'art où il y a des démonstrations de danses traditionnelles. Attrape touristes me direz-vous ? Eh bien c'est en effet une attraction touristique, mais la nourriture est locale, bonne, copieuse et les tarifs tout à fait raisonnables.
Un couple est arrivé. Ils dansent sur une estrade - la musique commence, ils se tournent autour le sourire aux lèvres. Dans la pénombre, leurs dents blanches ressortent et communiquent le plaisir qu'ils prennent dans cet exercice.

Nous rentrons à Sucre. Je cherche un endroit où faire quelques courses. Que des petites échoppes. Rien qui m'inspire. Bizarrement ce que je cherche c'est un supermercado. Un petit coup de fatigue et je me réfugie dans des choses connues et plus confortables pour moi. Finalement de Sucre, je ne verrai pas grand chose. Je me suis juste baladée autour de l'auberge. Je n'ai qu'une envie c'est me poser à l'hôtel et m'abrutir de série en streaming. Passer une journée à ne rien faire, comme il m'arrive de faire à Paris certain week-end. Finalement en voyage on a tendance à se refuser ce luxe de la journée glande. Il y a toujours de nouvelles choses à découvrir - mais savoir faire des choix permet de laisser plus de place aux choses que l'on voit. La boulimie d'excursions, d'expos, d'églises, de monuments c'est bon quand on voyage 15 jours, 3 semaines, mais pas trois mois. En tout cas c'est mon point de vue.

La Paz
De Sucre, j'ai décidé de prendre l'avion jusqu'à La Paz où je vais arriver juste à temps pour fêter le réveillon du nouvel an.
Cette fois à l'enregistrement je vérifie bien que mon sac est étiqueté pour la destination de La Paz et qu'il est bien enregistré à mon nom. Iguazu m'a servi de leçon (voir la loose).
Je n'ai pas pu réserver de chambre au Wild Rover où sont descendus Jennifer et Jeff. Je les retrouve plus tard pour la soirée. 
Ici il fait frais, pas question de mettre ma petite robe. En revanche mes escarpins de tango - ça c'est parfait. Le thème de la soirée au Wild Rover c'est noir et blanc. Pas de bol, je n'ai pas de noir. J'enfile un t-shirt blanc qui laisse voir mes épaules. Un soutien gorge noir - ça c'est pour le thème de la soirée. Un pantalon bouffant à rayures camaïeux turquoise, bleu et vert - acheté sur le marché de Tarabuco. Je le transforme en pantacourt avec les chaussures turquoises ça donne le change. Un petit coup de make-up et voilà je suis prête pour la soirée. 
Je les retrouve vers 21h. À mon arrivée au Wild Rover, j'apprends qu'il y'a un lit de libre. Je prends. Je n'ai pas envie de me balader en pleine nuit à La Paz. Même si c'est pour dormir que quelques heures. 

Je retrouve Jeff et Jennifer autour d'un verre. Ils ont fait la connaissance de deux français Irène et Clément et d'Alain péruvien originaire de Lima, en couple avec Irène.
Il y a beaucoup de monde, j'ai chaud, je n'ai pourtant pas trop bu (2 bières) - peut-être le mélange alcool et altitude - La Paz est perchée à 3600 m. Après deux gorgée de ma vodka tonic, j'ai un coup de chaud et je pars me mettre à l'écart histoire de reprendre des forces. Il y a des banquettes - un petit somme et c'est reparti. Je retourne rejoindre mes nouveaux amis. Ça va beaucoup mieux, Jennifer et moi montons sur le bar pour danser. J'ai l'impression d'être dans ce film "coyote ugly". L'ambiance au Wild Rover  est très anglo-saxonne, le bar est irlandais. Tout le monde est déguisé, ils portent tous des masques. Franchement, très bon nouvel an, même si je refais un deuxième malaise. Il fait trop chaud. Je retourne m'allonger. Un peu plus tard Clément vient me chercher pour me proposer de les accompagner au Loki, autre guesthouse festive de La Paz, c'est juste une rue plus loin. Après avoir passé la soirée avec Jennifer, c'est avec Clément et Irène que je commence l'année. Je suis passée à l'eau. Ma petite sieste m'a requinquée mais là je ne peux pas boire autre chose. 
Bon je vous épargne les détails - je vous dirai juste que j'ai passé une bonne fin d'année 2013 et très bien commencé l'année 2014. 

Le matin, je partage mon petit dej avec Clément avant de  retourner à mon auberge prendre une douche et me reposer un peu. 
Le premier janvier tout est fermé. Ma guesthouse ne propose rien à manger. Je retourne donc déjeuner au Wild  Rover. J'y retrouve Jeff. On échange nos impressions sur la soirée de la veille. 
Plus tard Clément, Irène et Alain arrivent, ils me proposent de me joindre à eux, ils jouent aux cartes. Je passe donc la soirée avec eux. Comme il est tard et que Irène et Alain n'utilise qu'un lit sur les deux qu’ils payent, je demande si je peux utiliser le lit vide. Je passe une nouvelle nuit au Wild Rover. Le lendemain, il y a enfin de la place du coup je vais faire le check-out dans l'autre hostel pour revenir m'installer plus tard au Wild Rover. 
La devise du Wild Rover est :"you’ll never know in which bed you will wake-up" (on ne sais jamais dans quel lit on va se réveiller) finalement, c'est pas faut

À partir de ce moment, je passe quelque temps avec Clément, Irène et Alain. On visite la ville, on joue beaucoup aux cartes, un peu au billard. Et parce que j'étais avec eux lorsqu'ils ont réservé la journée pour descendre la Death Road, que je me suis laissée embarquer - sans regret aucun. Pour cet épisode, je vous invite  voir ou à revoir la petite vidéo que j'ai publiée le 4 janvier.
Au delà de l'exploit, les paysages étaient somptueux, malgré la pluie.
Le lendemain, c'est ma dernière journée à La Paz. Avec Clément on va récupérer les photos du tour de la veille et les T-shirt offert par les organisateurs. 
L'après-midi, je trie les photos, je monte la vidéo. Dernière soirée à La Paz et au Wild Rover, on finit la soirée au Mythology avec Clément - Irène et Alain nous rejoignent pour ensuite repartir - il y a de l'eau dans le gaz. Ça arrive.

Je dors peu. Je reprends la route le lendemain à 6h direction Copacabana et le lac Titicaca. Mes acolytes poursuivent leur chemin vers Uyuni - Irène et Alain vont voyager deux, trois mois. Clément lui reprend ses cours d'espagnol à Lima, il a encore une petite semaine avant de rentrer.



Pour arriver à Copacabana, il y a environ 4 à 5h de bus. Il faut traverser un bout du lac avec un bac. Les passagers d'un côté les bus de l'autre. C'est assez étonnant.

Arrivée à Copacabana, je me rends compte que j'ai été un peu vite en réservant mon auberge. Je n'ai pas fait attention, j'étais sur la page de Cochabamba au lieu de celle de Copacabana - pas très malin de réserver un hôtel dans la mauvaise ville. Je trouve quand même une petite guesthouse sympa et pas chère. Chez Sonia. Je trouve une chambre double qu'elle me fait un peu moins chère parce que je suis seule. 
Il y a une terrasse au dernier étage d'où l'on peut admirer le coucher de soleil sur le lac. Le lac Titicaca est tellement vaste qu'on se croirait en bord de mer.
C'est là que je rencontre Sane, hollandaise qui vient de passer plusieurs mois à Cusco à donner des cours dans une école. Et maintenant elle voyage pour découvrir le Pérou et la Bolivie avant  de rentrer au pays.  

Nous décidons de nous retrouver le lendemain pour aller marcher jusqu'au sanctuaire qui surplombe la ville et le lac. Le lendemain, nous cherchons un restaurant pour déjeuner avant de partir pour cette mini-randonnée. Il faut en trouver un qui fait des plats végétariens, Sane ne mange pas de viande. Il commence à pleuvoir, finalement nous nous arrêtons dans un restaurant qui propose des spécialités italiennes. Les pâtes et les sauces sont faites maison. Le resto est très sympa, un peu plus cher que ce que nous nous accordons habituellement dans nos budgets respectifs, mais le cadre est agréable, les hôtes charmants et il pleut de plus en plus fort. Ce petit restaurant est tenu par un couple italo-brésilien. Elle est italienne, lui brésilien. Ça fait deux ans qu'ils l'ont ouvert.  C'est assez bon. Je me laisse tenter par un petit verre de vin chilien. Rien d'exceptionnel. 

Alors que nous sortons du restaurant pour prendre la direction du sanctuaire, je sens une immense fatigue m'envahir. Je pense alors que je n'aurais pas du prendre de vin. Je rentre et Sane poursuit sa route. Je passe le reste de la journée au lit, je suis harassée.
Le soir nous sortons faire quelques courses pour dîner et pour le pique nique du lendemain. Nous avons pris une excursion pour aller à Isla del Sol. 
On commence à cuisiner. Je me sens faiblir. J'abandonne une fois de plus Sane pour le dîner et vais me coucher. 


En fait je suis malade. J'ai une poussée de fièvre. Je n'arrive pas à m'endormir avant minuit. La fièvre est trop forte. Je prends un doliprane et un peu d'antibiotique. Ici je préfère. Cette soudaine fièvre peut être dûe à un parasite. Le lendemain le lever à 7h est plutôt dur. En plus il pleut. Je demande à Sonia, notre hôte, si nous pouvons repousser l'excursion au jour suivant. Elle est d'accord. Sane aussi. Moi je suis repartie pour une journée au lit. On ira visiter l'église plus tard dans la journée. En fait c'est une magnifique cathédrale. Blanche ornée de frise de couleur jaune, vert et bleu turquoise. La coupole est somptueuse. L'intérieur beaucoup moins intéressant.

Le lendemain, je suis toujours un peu fiévreuse mais suffisamment en forme pour faire l'excursion. En plus il fait beau ! On a bien fait d'attendre une journée. On prend le bateau qui va nous mener jusqu'à Isla del sol. Nous avons prévu de nous faire déposer au nord de l'île et de la traverser du nord au Sud et là un bateau nous récupèrera. Je crois que notre plan a été chamboulé. Mais je n'en suis toujours pas sûre. Bref on nous dépose à un port - un couple de bolivien descend, un groupe de français : un jeune couple franco-hollandais qui a passé 4 mois à vélo traversant la Colombie, l'Equateur et le Pérou. Pendant le voyage, elle est tombée enceinte et du coup cette jolie surprise pour eux remet en question la fin de leur voyage. Ils vont repartir de Lima plus tôt que prévu. Les autres français sont le père et l'oncle de Raphaëlle.

Au départ Sane et moi avions prévu de faire la randonnée seules. Mais un guide s'est pointé à la sortie du bateau. Comme le groupe de français avait l'air au courant et qu'ils avaient l'air de dire que c'était compris. Bah on a suivi. En même temps nous n'avions pas le choix. Tous les 10 mètres le guide nous attendait. 

Comme d'habitude je fermais le chemin. J'avais encore un sac à dos beaucoup trop lourd. En même temps, je n'ai pas le choix, ce qui pèse plus lourd c'est mon Canon EOS 50 D, mon fidèle compagnon de voyage. Je sympathise avec Raphaëlle sur le chemin et Sane avec Arthur l'ami de Raphaëlle qui est aussi hollandais. 
Nous avons marché un peu plus d'une heure, payé l'entrée du site du temple du soleil - pour que le guide nous explique que c'était un site super important - le meilleur. Ce sont toujours les plus intéressants, les meilleurs sites qu'on voit, où que nous soyons. 
Ce sont les tas de cailloux les plus importants que j'ai vus de ma vie. Parce que finalement il ne reste plus que des vestiges, restés et laissés en l'état. Mais ils ont mis une pancarte au bout du chemin et un petit monsieur pour récolter les droits d'entrée. 
Il est temps que la visite se termine, un petit crachin commence à tomber. 
Le guide nous dit au revoir - nous lui disons merci - il parle d'une petite contribution. Je suis prête à lui donner 20 bolivianos - et là il réclame - c'est 25 bolivianos par personne. Tollé général, Raphaëlle lui explique que l'agence où elle a acheté les billets lui a dit que le prix comprenait un guide. Nous lui expliquons que ce n'est pas honnête d'annoncer les prix à la fin. Que si il nous avait fait part des tarifs avant, chacun aurait choisi de le suivre en connaissance de cause.
Je range mon billet de 20. Question de principe et de solidarité.
On fini par lui donner chacun un petit quelque chose, mais pas les 25 réclamés.
Vous qui me lisez vous pouvez trouver cette attitude sévère, mais quand on voyage, on a vraiment l'impression d'être ponctionné sans arrêt. Nous payons presque 10 fois le prix d'entrée des sites en comparaison des celui réservés aux locaux. Sur le principe ça ne me pose pas de problème de payer un peu plus cher. Mais là on est sur des tarifs occidentaux. Certains sites coûtent plus chers que les expositions phares dans les musées parisiens.
Bref ça fait partie de l'aventure, se battre pour ne pas se faire avoir en permanence et ne pas payer plus cher parce qu'on est d’ailleurs.

Nous finissons cette excursion dans un petit restaurant - un boui-boui local où nous dégustons une truite délicieuse.

Nous faisons le retour en bateau sur le pont. Il fait très beau. Ils s'arrêtent pour nous faire visiter une île flottante artificielle où nous choisissons de ne pas débarquer. 
Comme les boliviens n'avaient pas d'îles flottantes, comme on trouve sur la partie péruvienne du lac, ils en ont créé une artificielle. 
Raphaëlle et Arthur ne font que confirmer mon souhait de passer quelques jours à Puno, la ville du lac Titicaca côté Pérou.
Ce n'était pas prévu dans mon programme mais quand j'ai posté sur Facebook où j'étais, Juliette et Raphaël m'ont tous les deux recommandé d'y aller.

J'ai donc pris mon ticket. Je pars demain.

Au moment où je quitte Copacabana, à peine montée dans le bus voici qu'une pluie torrentielle s'abat sur la ville. J'espère en mon fort intérieur que la saison des pluies est moins humide au Pérou qu'en Bolivie - depuis La Paz, le temps s'est vraiment dégradé. J'ai racheté un bonnet et des gants.


Je vais traverser pour la deuxième fois de mon voyage, une frontière terrestre. C'est un peu moins folklorique que la traversé Argentine - Bolivie. Le bus nous dépose d'un côté - une fois les formalités douanières en règle, on traverse la frontière à pied - de nouveau les formalités d'entrée dans le pays voisin et tout le monde remonte dans le bus.

À mon arrivée, je n'ai pas d'auberge. Mais ça c'est un détail. Il y a toujours un tas de rabatteurs dans les terminaux de bus. Non seulement je trouve un « tour » qui me convient parfaitement mais le type de l'agence me conseille un petit hôtel très bien et qui entre dans mon budget. 

Le tour que j'ai trouvé est parfait - 2 jours, avec une nuit chez l'habitant. On visite les îles flottantes, l'île d'Amantani où on est hébergé par les insulaires, pour finir par l'île de Taquile.

Finalement je ne passe qu'une soirée à Puno, puisque demain je quitte l'hôtel à 7h30.
Lorsque je suis prête à partir, le patron de l'hôtel m'attend, il a préparé mon petit déjeuner, je me régale !

Le minibus qui fait le tour des hébergements avant de gagner le port arrive. Quand je monte il y a déjà deux australiens. La prochaine personne à monter c'est Anna, une hollandaise avec qui je partagerai la chambre chez l'habitant ce soir. Ensuite vient Martin (faites le raisonner ce nom dans votre tête avec l'accent anglais "Maartiine"). Lui c'est un cas. Quand il monte dans le bus, à le voir débarqué avec sa valise chromée et son gros blouson de cuir aviateur, j'ai cru que c'était un américain, genre vieux vétéran de guerre. Il s'assoit sur le siège devant et commence à parler avec Anna. Il empeste le bourbon. En fait c'est un autrichien. Et finalement, c'est sur Anna qu'il jeté son dévolu.




Nous prenons le bateau en direction de la première destination. Les îles flottantes. C'est étonnant. Ces îles sont artificielles. Elles sont fabriquées à partir de blocs de terre liés par les racines de roseaux. Ces blocs sont rattachés entre eux et arrimés aux berges, le sol est recouvert de branches de roseaux. Lorsque l'on marche sur ce sol, ce n'est pas vraiment stable, mais ça semble solide. Les maisons sont aussi construites avec des roseaux. Il mange même les jeunes pousses de cette plante, ils nous en font gouter. Ca se mange un peu comme une banane. C'est une chaire blanche, pas très goûtue, mais mangeable. Le chef du village nous explique comment sont construites les îles, qu'ils vivent de la pêche et de l'artisanat. Ils vont plusieurs fois par semaine en ville pour vendre sur les marchés le fruit de leur travail et les prises de la journée. Les femmes nous font visiter leur maison. C'est très simple, un lit de paille, recouvert de tapis et de couverture - des tapis au sol. Il n'y a qu'une seule pièce. Nous achetons quelques babioles confectionnées par ces femmes souriantes et rondes. Nous montons ensuite à bord d'un bateau traditionnel. Elles entonnent des chants pour nous dire au revoir. Ce ne sont pas des chants traditionnels, mais des chansons populaires d'autres pays, je ne me souviens plus très bien des titres qu'elles ont interprétés, mais je crois me souvenir qu'elles ont entonné "Y a du soleil et des nanas". Surprenant !

Nous nous dirigeons vers l'île Amantani. Nous sommes accueillis par le président du "canton" de l'île. L'île est subdivisée en plusieurs provinces. Il y a visiblement un petit souci. Il semble que nous ne sommes pas attendus ce soir. Finalement, ils ont trouvé des familles prêtes à nous accueillir. Anna et moi choisissons de partager une chambre. Notre hôte est une jeune femme qui n'a pas 30 ans, pas de mari, mais deux enfants de 7 et 13 ans. Elle vit avec toute sa famille. La grand-mère centenaire, ses parents, sa plus jeune sœur, qui vient d'avoir un bébé, elle a 23 ans et il n'y a toujours pas de Papa. Il y a aussi leurs deux frères ainés, qui continuent d'habiter chez leurs parents tant qu’ils n’ont pas fondé leur propre famille. Le guide m'expliquera que les logements sont très chers pour les revenus perçus par ces gens qui vivent principalement de l'agriculture.

Nous arrivons pour le déjeuner. Elle nous prépare donc un repas simple, mais excellent. Une soupe de quinoa. Leur alimentation est végétarienne. Très riche en féculent. Dans la même soupe il y a des pommes de terre, du riz et du quinoa. En dessert des crêpes au sucre. On se régale vraiment. C'est la plus jeune sœur qui parle le mieux espagnol. Je discute avec elle et essaye d'en savoir plus sur leur mode de vie. Je reviens plusieurs fois sur le fait qu'elle vient d'avoir un bébé, j'ai peur de ne pas avoir bien compris. Et quand j'ose demander où est le papa, elle semble gênée. Je n'insiste pas. 
L'après-midi, nous avons rendez-vous avec le groupe pour une petite balade. Nous montons au sommet d’un des points culminants de l'île pour voir un site de ruines inca dédié à la Patchamama : "la terre mère". Nous y verrons un début de coucher de soleil, mais nous ne restons pas jusqu'au bout. Il fait trop froid et le temps est peu propice à l'observation du phénomène.
Avant de retourner dans nos familles respectives, nous nous arrêtons boire un infusion de feuilles de coca. 

La petite maison de nos hôtes est très simple. Le cœur de la maison, la cuisine, c'est là où toute la famille se retrouve pour diner. Elle donne sur une petite cour qui dessert deux chambres celles des parents et de la grand-mère. 
Notre chambre est à l'étage. C'est un escalier extérieur en bois qui nous y conduit. Il y a quatre lits. Il y a aussi une autre chambre à l'étage. Je n'ai pas bien compris comment ils se répartissaient l'espace. J'ai vu un des frères monter à une échelle et s'engouffrer par une petite ouverture de la taille d'une petite fenêtre, il entrait dans sa chambre.
Les sanitaires sont composés de toilettes classiques. En guise de chasse d'eau, une barrique de plastique remplie d'eau du puits et un godet. Si on veut prendre une douche - on utilise la même eau. Vu les températures à cette altitude, on se passera de douche aujourd’hui.
Nous passons un très bon moment avec la famille pour le diner. On leur montre des photos et vidéos sur nos iPhones. Ils sont subjugués. Les enfants rient, écarquillent de grands yeux et en demande encore. Il est l'heure. Ce soir nos hôtes nous prêtent leurs habits traditionnels et nous emmènent à la fête du village, nous y retrouvons le reste du groupe, et un Martin déjà bien imbibé.

Oui c'est bien moi...

Ce moment passé chez l'habitant fait partie des plus beaux moments de mon voyage. Ici ce n'est pas tant la beauté des paysages, mais la rencontre de ces gens qui ne vivent pas comme nous, ces gens qui n'ont rien et qui donnent tout, c'est pour leur accueil et leur bonté que cette journée et cette soirée resteront gravées dans ma mémoire.

Le lendemain, nous voguons vers l'île de Taquile, dernière étape avant de rejoindre le port de Puno. La pluie nous accompagne. C'est un peu moins sympa de faire cette marche sous le crachin, mais nous sommes tous équipés - saison des pluies oblige. Pour une fois, la balade est moins dure, il y a moins de montées abruptes. Ce voyage m'a fait comprendre que je ne suis pas faite pour monter et grimper, en plus l'altitude me coupe le souffle. Nous évoluons ici entre 3800 et 4000 m au dessus du niveau de la mer. Au programme, visite de la place principale d'une petite ville de l'île, du marché artisanal couvert, puis nous allons déjeuner dans un petit restaurant où le patron va nous montrer comment il font leur lessive, shampoing, savon artisanal et local à partir de la sève d'une seule et même plante.
Une fois de plus, je dégusterai une truite délicieuse.

Après la pluie, le beau temps, le retour vers Puno se fait sous le soleil, mais le trajet est un peu long, chacun fait une petite sieste. Moi c’est à l’arrière du bateau, je m’endors sur la banquette au soleil. Ce qui m’a valu deux coups de soleil ridicules, un sur l’avant bras et l’autre sur le ventre, une sorte de bande de forme triangulaire de quelques centimètres.

De retour à l'hôtel, je trouve la réponse de Clément. Je lui avais proposé de le rejoindre à Juliaca pour la soirée. Lui y est pour la nuit, il repart en avion à Lima le lendemain matin, moi c'est sur le chemin de Cusco.
Alors que je suis dans le taxi pour la gare routière, je demande à nouveau le tarif pour aller en taxi à ma destination finale, c'est à une heure de route de Puno. Il m'annonce le même prix que les autres, 70 soles. Ça fait environ 17€, c'est bien plus cher qu'en bus, mais avec tous mes sacs et le temps que ça va me prendre, finalement je lui dis de filer jusqu'à Juliaca.
Arrivés au centre ville, alors que je lui précise que l'hôtel est tout près de la gare routière, il fait trois fois le tour de la ville avant que je finisse par repérer l'hôtel. Je n'ai qu'un billet de 100 et là il me regarde avec un grand sourire en me disant que c'est bon. C'est mal me connaître. Je lui explique dans sa langue natale, gentiment mais fermement, que c'est son job de m’emmener à bon port au prix négocié. Oui j'ai fait pas mal de progrès en espagnol, je suis maintenant capable de m'énerver en castellanos.

Je retrouve donc Clément avec plaisir et nous passons tous les deux une très agréable soirée. Nous nous séparons le lendemain matin après le petit déjeuner. Mon bus est à midi, direction Cusco, où je vais retrouver Anna.

Après presque 8 heures de bus me voilà arrivée à Cusco. Je propose à deux australiennes de partager un taxi pour le centre ville. Je me fais déposer à l'auberge où Anna est descendue. Il n'y a ni chambre, ni lit disponible, mais heureusement Anna a réservé une chambre seule et il y a quatre lits dans sa chambre. Nous allons donc partager cette chambre ces trois prochains jours.

Après avoir posé mes affaires, pris une douche, je rejoins Anna au bar de l'hôtel. Nous partageons la bière locale, la Cusquena brune. La blonde n'est franchement pas terrible alors que la brune est vraiment bonne. 
Nous descendons ensuite pour aller diner en ville. Et à l'accueil qu'elle n'est pas notre surprise de retrouver Maarrtinne, assis là planqué sous la capuche de son sweet rouge. Il nous attend. Anna avait répondu plus tôt à un de ses messages pour lui dire qu'elle était aussi arrivée à Cusco et lui avait donné le nom de son auberge. Et lui a pris ça pour une invitation. Nous lui proposons de se joindre à nous pour diner. Nous partons tous les trois vers la place des armes. Il nous indique un restaurant. C'est son préféré quand il vient ici. Apparemment, c'est un habitué de la ville. Je ne me souviens plus trop de ce qu'il faisait pour vivre avant d’être à la retraite.
Je goûte ici mon premier Pisco Sour, le cocktail local. Martin commande une bouteille de vin rouge. Lui a déjà dîné. Nous commandons avec Anna un cordon bleu d'alpaga - pas top un peu sec, la viande est assez forte. Le lama, l'alpaga ou le dromadaire se cuisinent généralement en ragoût. En entrée, il y a un buffet de crudités. Vous vous étonnez peut-être d'autant de détails sur ce repas. C'est parce que ce repas m'a été fatal. A 5 heures du mat je me suis réveillée malade comme un chien. 
Le lendemain, alors que nous avions prévu de nous balader avec Anna dans la ville, moi je suis restée clouée au lit. "Thank you Maaartiiine ! Thank you !".

Le surlendemain Anna avait prévu une excursion. Moi, même si j'étais suffisamment en forme pour me lever, je ne l'étais pas pour aller crapahuter à droite à gauche. 
Je profite de cette journée au calme pour programmer la suite de mon voyage. Je me renseigne sur les prix des excursions pour Le Machu Pichu - 240US$ pour la journée, hors de question. Pour faire ça au pas de course. Je pèse le pour et le contre, il est maintenant tant que je prenne la direction du Chili, j'ai rendez-vous avec Sophie, le 20 janvier à Santiago du Chili. Je veux passer par Valparaiso quelques jours. 
En y réfléchissant, je n'ai pas vu grand chose du Pérou en dehors du Lac Titicaca. C'est un pays que je voudrais découvrir plus à fond à l'occasion d'un prochain voyage. 
Ma décision est prise, je n'irai pas voir le Machu Pichu. Pas question de bâcler la visite de cette merveille du Monde. Il faut savoir faire des choix. Le mien est fait, je reviendrai au Pérou !

Après une dernière journée passée avec Anna à Cusco, je m'envole donc pour le Chili. Les vols internationaux sont tellement chers que je choisis d'aller jusqu'à Tacna, ville frontalière côté Pérou. Au départ, je avais imaginé prendre un petit train qui relie Tacna à Arica, au Chili. Mais c'était sans compter le décalage horaire entre ces deux pays. Alors que j'arrive à Tacna à 17h, il est déjà 19h à Arica, et ce n'est qu'à une heure de route. Je reprends donc un Taxi avec qui je négocie le tarif pour qu'il m'emmène jusqu'à mon hôtel à Arica. 
Je crois que la fatigue commence à se faire sentir, je me tourne de plus en plus vers des solutions plus confortables et plus coûteuses qu'au début de mon périple. Mais il faut dire aussi que là le temps est compté.


Si vous êtes arrivés jusqu'ici, vous avez bien mérité de voir quelques photos...