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On the road

lundi 13 janvier 2014

San Carlo de Bariloche

Je sais cela fait un moment que j'ai écrit sur le blog. Mais ces dernières semaines les choses se sont accélérées. Entre les connexions internet qui fonctionnent mal et les journées bien remplies, je n'ai pas beaucoup de temps, ni de temps morts. Tant mieux me direz-vous. Oui tant mieux, mais là je suis vraiment en retard dans mon récit.
Dans mon dernier article, j'étais encore en Argentine. Je vous parlais de baleines et de pingouins. Depuis j'ai fait quelques kilomètres puisque je commence à écrire cet article de Cusco, au Pérou.

Comment suis-je arrivée à Cusco ?
D'abord repartons de la Patagonie argentine. J'ai fait un bout de chemin avec Claire et Sébastien. Nous avons passé une semaine ensemble à San Carlo de Bariloche.
Hélas je n'ai que peu de photos pour illustrer cette étape puisque une de mes cartes flash de mon appareil photo a buggé avant que je puisse récupérer les photos. Trois jours de photos perdues !
Heureusement Claire m'a passé les siennes et j'avais pris quelques photos avec l'iPhone.

Bref, Bariloche. Bariloche est une ville de montagne qui ressemble bigrement à la Suisse. Des lacs d'un bleu profond bordés de montagnes aux monts enneigés. C'est magnifique.
Bariloche est en fait une station de ski très prisée des argentins et je les comprends. En visitant cette région, j'ai compris les gens qui affectionnent tant la montagne en été. Mais j'avoue que cela me démange d'y revenir un jour en hiver - c'est à dire au cours d'un mois de juillet - pour découvrir cette station sous la neige.

Nous arrivons donc avec Claire et Sébastien, après 15 heures de bus depuis Puerto Madryn.
Nous sommes hébergés dans une auberge de jeunesse très familiale. Ici l'expression "mi casa es tu casa" prend tout son sens.
La patronne Sylvia et Laura, une française qui passe quelques mois à travailler dans cette auberge au côté de son compagnon Fabian, nous font un accueil des plus chaleureux. Dès notre arrivée on se sent un peu comme à la maison. Quelques courses, un peu de repos et pour moi un petit tour rapide de la ville pour repérer les environs.
Le soir nous nous préparons de bons petits plats, le tout arrosé de vins argentins. Nous cuisinons tous les trois. On fait une bonne équipe de bons vivants.

Le lendemain nous voilà partis pour une journée sportive. 40km de vélo nous attendent. Pas trop tôt quand même, nous levons le camps vers 11h après avoir préparé les sandwich du déjeuner. Direction le bureau de vente de la carte de bus local. Passage obligé - il faut payer les bus en petite monnaie, mais en Argentine il y a pénurie de petite monnaie. On se casse le nez devant le bureau en question, et oui le 25 novembre en Argentine est un jour férié. On va plus loin au kiosko en face des bus. On peut acheter ici la fameuse carte. Carte qui nous sera finalement gracieusement offerte par la serveuse du kiosko à cause d'une petite confusion d'échange de billet... Sympa, non pas tellement, plutôt étourdie, c'est je pense parce qu'elle n'était pas très avenante que nous ne lui avons pas fait remarquer son erreur. L'argent gagné ici sera vite réinvesti.

Nous voilà donc dans le bus, il faut descendre au km 18 pour récupérer les vélos. C'est là que j'ai compris la numérotation des rues en Argentine et partout ailleurs dans les pays d'Amérique Latine que j'ai traversés. Les numéros des maisons correspondent aux mètres parcourus dans la rue. Le numéro 1860 correspond à 1km860  parcouru si on prend la rue depuis son début. Et là d'un coup je me suis sentie moins bête. Arrivée au loueur de vélo, celui-ci nous prévient : la route n'est pas difficile, mais pas facile non plus. "Up and down, Up and Down" qu'il dit ! Je prends soin de choisir un vélo avec une selle confortable. Pas question de marcher comme un cow-boy les jours suivants. Et c'est parti nous voilà autour du lago Moreno Oeste dans le parc national de Llao Llao.

En effet, il y avait de sacrées montées, heureusement récompensée par de bonnes grosses descentes. J'avoue que les montées je les ai faites à côté du VTT. L'important c'est de tenir sur la longueur. Pas question de s'épuiser. 
Ce tour nous a permis d'admirer de magnifiques panoramas. Les routes sont bordées de fleurs jaunes, ce sont peut-être des genêts. Des massifs entiers d'où émane une douce odeur de miel dès lors qu'ils sont baignés de soleil.
Nous avons pique niqué au bord d'un lac aux eaux translucides. J'avais pris mon maillot de bain pensant pouvoir me baigner dans les petites criques - j'ai gouté l'eau jusqu'aux mollets et c'est déjà pas mal. Je pense que l'eau était à 10/15 degrés grand maximum - lac de montagne oblige.
Après presque 5 heures de vélo nous voilà repartis en ville. Une bonne bière fraîche pour récompenser nos efforts, rien de tel pour une bonne récupération. Le houblon il n'y a que ça de vrai. Et voilà l'argent gagné un plus tôt justement réinvesti.



Les jours suivants, nous avons fait des excusions plus cool. Un peu de marche, des pique niques dans des paysages somptueux. D'abord, nous avons gravi le Cerro Campanario - 45 min d'ascension.
Enfin plus cool c'est vite dit - ça grimpe raide - ici ils ne connaissent ni les courbes ni les virages - les routes et les chemins sont toujours tout droit et pour gravir les mont c'est pareil. On monte tout droit. Pas de pente coupée, pas de petit sentier sympathique qui monte doucement - les dénivelés sont abruptes - ici le dénivelé est de 200m - je ne saurai dire combien de degrés font les pentes. Je sais juste que c'était dur à monter.

Mais la balade est jolie. On grimpe au travers d'une petite forêt de montagne. Arrivé en haut la vue du panorama est incroyable. Ici on dit que c'est la plus belle vue à 360°.



Toujours des montagnes et des lacs mais on ne s'en lasse pas! Petit pique nique comme il se doit - une bonne salade composée face à ces étendues superbes - c'est encore meilleur!

Un télésiège permet d'arriver au même panorama. À l'arrivée un photographe prend des photos des usagers du téléphérique et tente de vendre ses clichés à la descente des passagers.
Malgré les touristes, l'endroit est calme et reposant. Petites séances photos pour immortaliser le panorama, et s'immortaliser devant. 
Pour la descente, on suit Seb qui emprunte un autre chemin. Celui-ci n'est pas vraiment fréquenté. On croise les remontées mécaniques. La végétation mêle des sapins charnus avec des arbres dénudés envahie par du lichen, et par ci par là de petites touches de couleur avec quelques fleurs de montagne.




Nous avons ensuite été voir une petite chute d'eau, la Cascada de los Duendes : la chute d'eau des Elfes. On y a même pique niqué avant de reprendre la route vers le Cerro Otto. Ici aussi grosse montée, mais magnifique panorama.

La veille du départ de Bariloche, avec Claire on a fini par une petite marche de 13 km pour gagner la Colonia Suiza. Ici aussi encore un endroit magnifique pour déjeuner. Assise sur un rocher, sur la plage au bord d'un lac immense. Et puis pour nous récompenser de nos efforts une petite bière artisanale locale, parce que c'est important de gouter aux spécialités locales.


Découvrez ici quelques photos des panoramas et de nos excursions.

Nos journées à Bariloche furent bien remplies. Et nos soirées, furent l'occasion de bons repas. Outre nos petits plats maison, nous sommes allés déguster la fondue locale. Le restaurant  ressemblait à un chalet. Peu de monde, mais une fondue fort bonne, servie non seulement avec du pain mais aussi avec des pommes noisettes et des petits morceaux de saucisse à tremper aussi dans le fromage fondu. Ce repas a été aussi l'occasion de découvrir un petit vin blanc fort sympathique : un Chablis argentin qui m'a foi est assez bien vinifié

Nous avons également été invités un soir à participer à un Asado organisé par le patron de l'auberge. L'Asado est un barbecue argentin, une tradition de partage. Chacun  amène de quoi boire, ici le patron de l'auberge s'est chargé de la viande. Il y en a pour tous les goûts : bœuf, porc, entrecôte, côtelettes, boudin noir, chorizo. Chacun paye sa part. Mais on mange tous ensemble autour de la même tablée. C'est non seulement excellent, mais le moment lui même est génial. Nous voilà complètement baignés dans la culture locale. 
Bon j'avouerai ici que la cuisson demande un peu de temps. Je dirais une bouteille de bière et une bonne bouteille de rouge. Résultat je suis partie me coucher un peu précipitamment sans avoir le temps de finir mon assiette. 

Notre séjour dans cette auberge, aura permis aussi de faire une petite étude ethnologique  et sociologique des comportements des voyageurs issues de contrées différentes. Lors de ma dernière soirée à l'auberge, j'ai eu l'occasion d'en discuter avec Laura, qui elle, en voit passer du monde.

Je parle ici de simples observations sur un échantillon de population restreint, et dont je ne voudrais pas faire de généralités, mais qui selon Laura semblent se vérifier.

Il y avait une famille de Chinois, par exemple. Un couple assez âgé, plus un ou deux autres dames d'un certain âge et la fille de la famille qui devait avoir une trentaine d'année. La  jeune fille était la seule à parler anglais, elle s'adressait aux hôtes de façon assez hautaine. Et surtout, la vie en communauté, dans le sens respect de l'autre ne leur convient pas du tout. Qu'ils partent le matin à l'aube où qu'ils rentrent tard dans la nuit, ils se parlaient d'une chambre à l'autre en hurlant, sans se soucier de si quelqu'un dormait. Par ailleurs, ils n'étaient pas désagréables, toujours un sourire lorsqu'ils nous croisaient.

Il y avait ensuite un groupe de musulmans très religieux, sans doute y avait-il dans le groupe un Imam. Ils venaient d'Irak, d'autres vivent en Argentine ou au Chili. Ils parcourent le pays pour prêcher la bonne parole. Ils étaient arrivés avec une dizaine de valises, il en fallait pour transporter les casseroles, et d'autre pour la viande et autres pitances. Au petit matin après la première prière de 4h45, on pouvait sentir des effluves émanées de la cuisine - et étonnamment pas désagréables malgré l'heure plus que matinale. Par ailleurs, ils étaient assez discrets. on pouvait les voir dans la journée se recueillir le coran à la main. Il y en a un qui s'est lancé dans un débat philosophico-religieux avec Seb. Bien sûre nous simples femmes n'avions pas le droit à la parole. Ils ont juste voulu marier Seb et Claire selon le coran. Et moi, j'ai eu le droit à un joli compliment. Ils s'étonnaient qu'une jolie femme comme moi ne soit pas mariée avec une ribambelle d'enfants. Je leur ai parlé de liberté et de choix. Ils ont souri.

Après le départ des musulmans, est arrivée une troupe d'Israéliens. Laura m'a avoué qu'ils faisaient bien attention à ne pas recevoir en même temps Israéliens et des musulmans aussi marqués par la foi. J'ai croisé beaucoup de jeunes Israéliens pendant mon voyage. Après leur trois années d'armée obligatoire, ils prennent une année pour voyager. Ils ont à peine 21 ans et ils connaissent la guerre, ils ont déjà tenu un fusil à la main. Il y en a de sympathiques, mais ils préfèrent rester entre eux. C'est ce que m'a avoué, un jeune croisé à Puerto Madryn, c'est quand même plus simple, comme ça on peut parler hébreux. Ils ont des tarifs négociés - par exemple alors que je payais ma chambre 90 pesos, eux sur simple présentation de leur passeport payaient 70 pesos. J'ai trouvé une des filles du groupe assez agressive avec Fabian, elle s'indignait de ne trouver que deux prises électriques dans une chambre de quatre personnes. A mon sens Fabian a très bien sut gérer cette agressivité en gardant son calme, ce qui a fait immédiatement redescendre la pression de la jeune fille. Et le soir, je dois dire pas question d'accéder à la cuisine avant qu'ils aient fini. Il y a bien sur toujours dans ce cas un effet de groupe. En tout cas ce groupe était aussi bruyant et envahissant que les groupes de musulmans étaient calme et discret. Et ici ne voyez ni jugement de valeur, si comparatif religieux. Je me contente juste de faire le constat de moments vécus et observés.

Et les français, me direz-vous, comment nous comportons-nous. Je dois avouer qu'ici, je ne peux pas vraiment faire de distinction entre français et européens. Souvent nous voyageons seuls ou en tous petits groupes, et ils se trouvent que ceux que j'ai croisés je les ai trouvés plutôt discrets. Mais ici encore nous sommes sur un public de Backpakers et le comportement est déjà différent rien que dans le choix de ce mode de voyage.

Je ne peux finir, ce long article, sans dire un mot sur Juan. Il travaille à l'auberge. J'avoue que nous n'avons jamais vraiment compris son rôle. Le matin il nous accueillait avec un Comment ça va ? Ca va bien, les seuls mots qu'il connaissait en français. Le soir à notre retour d'excursion, idem, assorti d'une bise et d'une accolade. Il semblait passé ses journées devant la télé. Et quand on lui posait la question de ce qu'il faisait dans la vie, il répondait qu'il était Philosophe. Ce qui lui a valu, de ma part, le surnom de Descartes. Il est comme ces gens qui aiment s'écouter parler, quand il prend la parole, même si c'est pour dire des choses avec que peu d'intérêt, c'est toujours avec beaucoup d'emphase. Il prend une grande respiration et parle lentement, pour être bien sûr d'occuper tout l'espace. Enfin quand il s'agissait de débattre de philosophie, d'économie et de religion avec nos amis musulmans, il se retranchait derrière je ne sais quel précepte lui interdisant de participer à ce type de discussion.

L'observation éthologique et anthropologique  des gens rencontrés au cours d'un voyage, fait partie du voyage lui même. Pour ma part, elle ne reflète que mon intérêt et ma curiosité de l'autre.



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