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On the road

dimanche 8 décembre 2013

La Loose

Chutes d'Iguazu
Dans un voyage il arrive toujours un moment où l’on traverse une période de « loose ». Tout va de travers. Souvent rien de grave, mais rien ne marche comme il faut. Ça arrive comme ça, sans crier gare. Souvent c’est lié à un moment de fatigue, un petit moment d’inattention.
Moi ce moment, c’était à Bariloche, au moment de programmer la suite de mon voyage. J’ai pris un billet d’avion pour remonter d’El Calafate à Iguazu. Il y avait forcément un stop à Buenos Aires, mais ce que j’ai réalisé une fois que j’avais validé la commande de mon billet, c’est que mon vol arrivait à Buenos Aires le 7 décembre à 21h15 et le Buenos Aires - Iguazu ne partait que lendemain matin à 7h20. Ce qui allait impliquer un surcoût non négligeable. Environ 600 pesos : nuit d’hôtel, plus transfert pour l’aéroport aller-retour. Bref, ce sont des choses qui arrivent. Je réserve donc une guesthouse, m’organise avec le manager pour le transfert aéroport. Tout est rattrapé. Ok ça fait un surcoût, mais je vais passer une nuit dans une chambre seule et ça, ça fait du bien de temps en temps. La convivialité des « dormitorios » s’arrête au prix.
Le samedi 7 au matin, je check-out de l’hostel, le shuttle pour l’aéroport passe me prendre à 14h. J’ai donc toute la matinée. J’en aurais bien profité pour écrire l’article sur Puerto Madryn, mais manque de bol, pas de wifi. Pas de connexion internet non plus pour vérifier l’adresse de la guesthouse où je dors ce soir.
Le bus arrive, à peu près à l’heure, je me baisse pour prendre un de mes sacs, et « crac’ », c’est le cas de le dire, je craque mon pantalon. Bon tant pis, ça fait presque 10 ans que je l’ai, il m’a fait de nombreux voyages, lui et son frère jumeau resté à Paris. Je m’en rachèterai un. Et puis il y aura peut-être moyen d’en faire un short. Après tout je repars vers le nord, entendre ici, je remonte vers l’équateur et je vais donc avoir bientôt très chaud.
Arrivée à l’aéroport, enfin une connexion wifi. Je vérifie que le type de l’hôtel ne m’a pas envoyé de nouveau mail. Je découvre le message de Claire et Sébastien, ils devaient partir le même matin à l’aube, mais leur vol a été annulé. Finalement coup de bol, ils seront logés et nourris dans un hôtel luxueux. Après près de 5 mois de voyage, quand le budget se fait de plus en plus serré, un peu de luxe et volupté aux frais de la princesse, ça fait du bien.
Pour ma part, mon vol est à l’heure, tout ce déroule comme prévu. Je comprends enfin pourquoi mon trajet est si long, nous faisons un stop de 45 min à Bariloche avant de reprendre les cieux pour Buenos Aires.
J’arrive, je récupère mon sac, et me dirige vers la sortie où je m’attends à voir un panneau de carton avec mon nom. Rien. Bon il était indiqué arrivée à 21h15, il n’est que 21h05. Soit. 30 min plus tard, toujours rien. Tous les passagers attendus à la sortie du terminal C sont partis avec leur chauffeur. Et moi pas de trace du mien…
Je vais faire un tour à l’extérieur pour voir s’il ne m’y attend pas. Rien. Je regarde avec insistance les hommes que je croise, ce sont tous des taxis, mais pas de Gustavo.
Je retourne à l’intérieur. Me renseigne au point d’info, demande à utiliser le téléphone pour appeler mon hôte, j’ai tenté d’envoyer un mail un peu plus tôt, mais la connexion wifi est merdique. Répondeur. Je laisse un message avec mon numéro et retourne faire le pied de grue à la sortie des arrivées. Toujours rien. Il est presque 23h. Je vois le temps filer et pense que demain je dois être au moins à 6h à l’aéroport. J’avoue que je commence à fatiguer. Je me décide donc à prendre un taxi. Le premier que je croise me fait un prix correct : 240 pesos au lieu de 270. Bon ok c’est parti. Je lui demande combien de temps je vais mettre demain matin pour retourner à l’aéroport. Il se propose de venir me chercher à mon hôtel à 5h10. Vu la fiabilité du gérant de la guesthouse, je sécurise et en profite pour négocier le trajet du retour. On tombe d’accord à 200 pesos. Et le tout en espagnol. Pour le moment c’est encore du petit nègre, certes, mais je me fais comprendre de mieux en mieux.
On arrive au 820 de la rue mambrillar. Je descends. Je sonne. Je demande au Taxi d’attendre, je ne le sens pas. Pas de réponse, je sonne à nouveau. J’appelle, toujours le répondeur. Dépitée, je me retourne vers mon chauffeur et lui demande s’il connaît un hôtel pas trop cher ? Il est maintenant plus de 23h, je me trouve un peu coincée. Un coup de fil et il m’emmène au Real hôtel – la nuit en chambre simple est à 300 pesos. J’ai beau faire la grimace, le prix ne descend pas. Je n’ai pas le choix.
Arrivée dans ma chambre, j’ai une connexion wifi. Je m’empresse d’envoyer un message à la guesthouse pour expliquer ce qui s’est passé, et comprendre pourquoi ils ne sont pas venus à l’aéroport. Je ne voudrais pas en plus payer la nuit réservée dans leur établissement.
Je me mets à l’aise et me fait un sandwich au fromage. J’avais acheté un bout de baguette avant de partir d’El Calafate, et il restait du fromage prévu pour les sandwiches du piquenique de la veille.
J’ai gardé la brique de jus d’orange qu’ils ont distribué dans l’avion, ce sera parfait pour ce soir. N’en demandons pas trop non plus, vu les plans « looses » qui s’enchainent depuis ce matin.
Je sors mon ordi, me cale dans le lit. Je n’ai plus sommeil avec ces petites contrariétés. Je vais me faire un petit épisode de Castle en streaming, ça va me calmer.
Entre temps, je vois que j’ai reçu trois mails de Gustavo. Qui me dit de le rappeler d’urgence, de ne pas prendre cet hôtel, qu’il va venir me chercher. Je lui réponds gentiment que c’est trop tard.
Et là, il trouve le moyen de me donner une leçon. Comme si tout ça était de ma faute. Il avait soit disant attendu une heure à l’aéroport et il y avait du monde pour m’ouvrir au 820.
Je garde mon calme, reprend les faits en rappelant le terminal. (J’en viens à me demander s’il ne s’est pas tromper d’aéroport). Il me répond plus aimablement, m’assure que la chambre ne sera pas débitée de ma carte. Voyant le ton du monsieur, j’avais envoyé un mail à la plateforme de réservation pour qu’ils veillent à ce que la chambre ne me soit pas comptée.
Une fois de plus, la connexion internet est m… pas terrible. Je ne vois qu’un demi épisode. Tant pis, il est 1h30 passé. Je vais tenter de dormir. Je me dis toujours que la roue tourne après une journée où rien ne se déroule comme prévu. Qu’après la nuit, un nouveau jour se lève. Encore faut-il que la nuit soit assez longue. Le Taxi est à l’heure, je prends mon vol. Pas de problème. Je suis tellement fatiguée que je dors du début jusqu’à ce que j’entende le pilote annoncer les chutes d’Iguazu. Et là il fait une boucle au dessus des chutes pour que tous les passagers puissent les voir. Rien que pour ça je ne regrette pas ce vol.
Çà y est, je suis arrivée. Il fait beaucoup plus chaud qu’en Patagonie. Mon auberge à une piscine, je me vois déjà dedans. Ah non, ce n’est pas pour tout de suite. Mon bagage manque à l’appel.
Je vais vers le point d’information, la jeune femme me renvoie vers ma compagnie. La fille du guichet d’Aérolinas Argentina me demande si j’ai fait une jonction par Ascensión. « Euh non pas du tout, pourquoi ? 
- parce que votre bagage a mal été étiqueté et qu’il a été envoyé à Ascensión au nom d’une autre personne. »
Bon là deux solutions, soit on s’énerve et ça ne change rien. Soit on prend les choses avec fatalisme et on demande gentiment quand on peut espérer récupérer son bagage.
Elle me dit qu’il me sera vraisemblablement livré demain à mon hôtel. Le ton employé me laisse croire que ça risque d’être un peu plus long que çà.
Je reste zen, vais chercher mon ticket de shuttle pour aller jusqu’à mon auberge. Ah il faut attendre l’arrivée du prochain vol. Qu’à cela ne tienne, je ne suis plus à une heure près, en revanche je suis à 120 pesos près, montant de la différence entre le taxi et le shuttle.
Je fais le bilan de ce qui risque de me manquer dans mon gros sac : les trucs anti moustiques, ici c’est le début de la jungle il y a toutes sortes de bestioles, qui vont me piquer. Bon il me reste de la crème achetée à Colonia, ça devrait pouvoir faire l’affaire. Bon il fait chaud à crever, ouf je suis en jupe. Et M… mon chargeur de batterie d’appareil photo. Et je ne l’ai pas rechargé hier soir, j’avais la flemme. Grrr…  En d’autres mots je vais devoir attendre mon sac pour faire l’excursion aux chutes. J’avais prévu de faire un des côtés demain (il y a le côté argentin et le côté brésilien).
Pas de maillot de bain, tant pis – j’ai le haut d’un maillot de bain sur moi et une culotte qui fera affaire de bas… J’avais aussi un peu de bouffe, j’espère que les tomates, la banane, le beure et la mayo vont tenir le coup et surtout rester bien calés dans mon Tupperware. 

Je suis maintenant à l’auberge, j’ai fait une vingtaine de longueur dans la piscine et je dois dire que je prends toute cette histoire avec sérénité… je dirais même avec sagesse.


« Mon Dieu,
Donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne puis changer,
Le courage de changer les choses que je peux,
Et la sagesse d'en connaître la différence. »
Marc Aurèle, Prière de sérénité



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